Anne GARIDOU - Galerie Pome Turbil
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Anne GARIDOU

ANNE GARIDOU
Anne Garidou vit et travaille en Charente – maritime.
Parallèlement à sa pratique du dessin,
écrit des textes sur le travail de ses amis peintres J.L. Gatineau, E. Ballangé; de la prose, des récits d’auto-fiction.
Travaille à des séries photographiques : « Paysage ordinaire »,  » objet incertain », « carnet de route »…toujours en relation étroite avec sa vie personnelle.

Expositions récentes

1991 : Galerie Katz- jeune peinture; Paris (texte)
1992 : Salon  « Tremplin »; Niort (texte)
2000 : Galerie Sans titre; La Rochelle (photographies)
2020 : « Source et autres séries »; Bords (dessins)

A propos des A.S.T (Aquarelle sans titre)
La pratique de la peinture m’a toujours posé problème, au sens où je ne sais trop quoi faire avec la pâte, la matière, la touche…
Fin mai, sur l’insistance bienveillante d’un ami peintre et après lui avoir montré un essai d’aquarelle de 2019 qu’il jugea intéressant, je me suis lancée «  corps et pensée » dans l’eau de l’aquarelle; d’abord avec de petits formats 30x40cm. puis très vite j’ai senti que je devais me confronter à plus grands.
Pour cette nouvelle expérience de la couleur, liquide cette fois, (contrairement aux dessins « superposed » réalisés quant à eux aux crayons de couleur) je suis encore mue par des règles du jeu.
Ici, pour A. S. T. ( Aquarelle Sans Titre ), je choisis mon papier, toujours d’un grammage de 300gr. pour sa tenue à l’eau, toujours d’un grain fin pour sa netteté de la pose de la couleur.
Ensuite, j’ai devant moi une douzaine de ces petits godets de couleurs, alignés dans une boite métallique, et je regarde ces godets jusqu’à ce qu’une couleur me dise ( comme quand on demande à quelqu’un : ça te dit de prendre un verre avec moi?) et une fois qu’une couleur me dit, je vais immédiatement pouvoir l’associer à une autre, à deux autres (parfois à trois…) C’est le début d’un dialogue des couleurs entre elles et des couleurs avec moi. Je commence alors avec la première couleur; je charge mon pinceau, je commence à peindre sur papier sec, souvent à partir d’un bord de la feuille; je traine mon pinceau comme on traine un outil ou comme on traine un bâton sur du sable mouillé; je crée soit des a-plats soit une juxtaposition de traces dues à la forme que j’imprime à mon pinceau en le trainant sur la surface du papier. Quand j’ai recouvert une certaine surface, en général, je change de couleur, puis une autre, ainsi jusqu’à tout couvrir ; je ne laisse aucun blanc, je ne joue pas avec, il ne m’intéresse pas. Dans ce temps de peinture, je fais des changements de rythmes et de logiques de construction, je fais des volte-faces. L’aquarelle doit me faire ouvrir des portes donnant accès à des espaces inconnus de moi; et dans le même temps, je dois tout faire pour que ces portes, une fois ouvertes, ne soient pas des solutions attendues, confortables.
Chaque A. S. T. sera retravaillée le lendemain. Je reprends alors mon premier tracé/trajet, soit avec les couleurs initiales, soit avec des couleurs en complément; et je recommence à trainer mon pinceau chargé de couleur, très lentement toujours, très patiemment; en acceptant les aléas de la tâche, de la fusion, du manque ou de la saturation.
Procédant dans ce deuxième temps, c’est comme si je refermais derrière moi la porte ouverte la veille pour devoir l’ouvrir à nouveau. Cette sensation qu’il me faut refermer pour retenter l’ouverture m’est nécessité intérieure. Parfois j’y parviens, parfois la porte résiste et je dois alors me bagarrer pour trouver comment ouvrir à nouveau. Parfois je n’y parviens pas et je dois renoncer, passer mon chemin.
Dès le début de ces aquarelles, j’ai commencé à introduire la couleur noire; le noir comme une couleur non additionnelle; le noir comme une couleur qui relierait toutes les autres entre elles.
La première fois que je l’ai utilisé, c’était à la suite d’un petit incident : une tache d’encre de chine s’était déposée sur une aquarelle en cours de réalisation; que pouvais-je faire..?J’ai pensé que cette tache noire m’indiquait que je devais m’en servir pour continuer à travailler cette aquarelle; c’est donc avec de l’encre noire, diluée à la manière d’un lavis, que j’ai terminer la peinture.
Les deux ou trois autres fois où j’ai utilisé le noir, c’est parce qu’à un stade de mon travail, il m’était impossible de conclure et je n’avais alors d’autre alternative que de laisser tomber, abandonner en somme, si je ne trouvais une autre issue. Cette issue, c’est le noir qui me l’a offerte. Avec ce noir, en le travaillant soit dans le rythme des autres couleurs déjà posées, soit décalé comme un film qui viendrait recouvrir partiellement les couleurs, je suis arrivée à un résultat, pour moi, convainquant.
Le triomphe du tableau ne m’intéresse pas à proprement parler. Chaque peinture, chaque dessin que je fais doit me renvoyer à quelque chose de vrai. Ce « Vrai »n’est pas nécessairement beau mais il me touche. S’ il me touche, il doit pouvoir, en retour, toucher l’autre une fois que celui-ci se trouvera devant.

Adrien Blanc
KANO & OLIVIER BROISE OKUUCHI