Nicole Berrut - Galerie Pome Turbil
17598
single,single-portfolio_page,postid-17598,ajax_fade,page_not_loaded,,vertical_menu_enabled,wpb-js-composer js-comp-ver-4.11.2.1,vc_responsive

Nicole Berrut

Portrait de Nicole Berrut

Vestiges…

Depuis des années, en chemin dans mes heures d’atelier, je redonne vie à d’innombrables et diverses récoltes : vestiges, petits riens abandonnés, papiers arrachés, racines, bois flottés ou simplement tombés au vent des arbres, parfois brûlés, – signes de feu -, débris de métal ou de faïences, coquillages, verres brisés et roulés par les flots, objets trouvés, abandonnés, oubliés dans des tiroirs, objets, fragments ramassés au hasard de mes marches, promenades ici, ailleurs sur les trottoirs ou les caniveaux des villes, dans des jardins, sur des sentiers, sur des rivages, des plages, bords de mers ou de lacs.

Comme on part de la signification d’un mot dans un dictionnaire, chaque débris, chaque lambeau façonné par le vent, la pluie, le soleil, l’ensevelissement, l’irisation, se révèle à mes yeux sur le site archéologique de la terre et des eaux.

Ils sont alors accumulés dans l’enclos de mon atelier au bord des toits, pour une écriture, pour le jardin intérieur de mes collages.

Empreintes, souvenirs de lieux, ces petites œuvres, trésors de la nature, se mettent à prendre vie, à devenir présence, souvenir, histoire.

Appel des objets, cris de silence, poésie récitée des choses perdues que le temps a brisées, rouillées, travaillées, patinées jusqu’aux semelles et aux fers des souliers de marches inconnues, que des flots ont emportés puis rapportés sur des rivages de sable, d’algues ou de galets. A tout cela qui est voué à la disparition, j’ai donné encore un peu de temps sur mon chemin sans rien ajouter à cet état naturel, en utilisant ces découvertes telles que je les avais rencontrées pour témoigner du langage de leur beauté, pour donner à voir la poésie secrète de tout ce qui est inscrit dans l’infiniment petit.

Tout a une nécessité dans l’accomplissement des matières et des couleurs jusqu’à la limite de la disparition.

Un jour, d’une Atlantide forestière, la beauté des bois flottés s’est imposée à mon regard et, de l’étrangeté des formes, les totems sont nés.

Alors, j’ai fait chanter les couleurs de la gouache et de l’aquarelle et j’ai senti les ondes de ces instruments du silence.

De cette métamorphose, il m’a semblé ajouter à leur âme et en faire des objets animés.

Une double signature insulaire, cet opercule de turbo (coquillage) sur lequel est inscrite la spirale, première manifestation de la création universelle. Il est mon lien avec la Corse.

Appelé « œil de Sainte Lucie », il illustre la légende de la sainte romaine et fait remonter le temps où, sur l’île de Pâques, on utilisait l’autre face de l’opercule pour faire les yeux des statuettes. Ils donnaient un étrange et terrifiant regard vert à ces personnages en les chargeant de magie.

Ruines, reliques, reliquaires de ma pensée créatrice, journal intime, jardins et totems de mes chemins intérieurs conduisent au « pur espace ».

Nicole.

Alexandre Hollan
Art, Peintre
Olivier Giroud
Art, Sculpture