Papier Kraft et cendres - Marcel Robelin - Galerie Pome Turbil
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Papier Kraft et cendres - 10 septembre - 29 octobre 2016

Marcel Robelin

« Papier froissé et cendré portant à sa surface la poussière du temps. Poudre fine et soyeuse, la cendre n’existe que recueillie par nos mains, sinon elle s’envole et avec elle la mémoire – de ce qu’elle fut. La cendre est notre finitude, celle de notre destruction par le feu, de notre consumation par le remord ou par la pénitence, de notre retour au néant et souvent elle couve la promesse de nouveaux malheurs. Mais avant d’être dispersée sur des terres d’oubli, elle nourrit la renaissance de la part toujours manquante de notre histoire.
La cendre, utilisée comme pigment par Marcel Robelin prend toutes les nuances de la non couleur ; celle de la lande, du causse, de l’erg, autant de lieux où l’absence est visible et palpable, autant de lieux du « peu » qui ne furent pas étrangers à sa vie. Qu’il les vécut ou les rêva, ils nourrissent son « intranquillité » et son imaginaire autant que les poètes venus souvent de l’orient et gardés sous la main comme des viatiques.
Un vaste atelier, promis désormais à la destruction par un promoteur, abrite l’ombre qui sied à une oeuvre parlant doucement de nos disparitions. Mais quelle merveille de voir se dessiner ce qui semble émerger d’un lointain connu et oublié, les vestiges esquissés de ce que furent nos demeures, palais ou gourbis, dont la magie de l’ombre nous livre des fragments précieux pour le voyage. Lorsqu’il ne travaille pas il se tient au fond, comme s’il voulait se cacher de ce qu’il vient de faire, devant une table qu’on dirait elle aussi rescapée d’un incendie. De là il peut prendre du recul, garder la distance nécessaire à la critique et laisser cours au vagabondage de son pessimisme naturel.
Ce pessimisme, allié au scepticisme et à l’humour, s’érige en rempart contre le sérieux du désespoir. Avec l’élégance du funambule il tend un fil entre ce qui a disparu et ce qui est voué à disparaître, pour de là-haut chanter la beauté des choses, la poésie d’une arcature, l’élégance d’une dentelle de pierre, la jouissance d’une géométrie parfaite. C’est cela l’art de Marcel Robelin, la saisie de l’apparition d’un détail qui, désenfoui de sa gangue, devient la petite madeleine d’une longue saga où se sont bâties nos grandeurs et nos misères.
A ces vains ornements je préfère la cendre…Il pourrait prendre à son compte ce vers de Racine. En même temps cela sonne comme une réponse à la sophistication technique de l’art de notre époque. N’est-il pas
magnifique que quelques ermites nous donnent à voir l’essence de notre humanité, sa puissance fragile, sa vocation à disparaître en utilisant du papier, des pinceaux, des pigments (ou de la cendre), de l’eau et la force de l’esprit. Marcel Robelin est de ceux-là. »

Sabine Puget, septembre 2008

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René Guiffrey
Art, Sculpture
Marcel Robelin